Paysages de pierre de Vaucluse

Issue du sol, en plaquettes, moellons ou pierres de taille, la roche prolonge ses formes et ses couleurs dans les paysages construits.

Abbaye de Sénanque (Gordes - Vaucluse)Ainsi en est-il des « terres rouges » de Flassan, de Mormoiron, de Villes-sur-Auzon, de Roussillon, de Rustrel ou de Gargas qui rougissent les villages et les fermes. La fabrication des ocres (qui se poursuit encore dans le pays d’Apt) a légué un paysage et un patrimoine minier très singuliers. Le Conservatoire des ocres de la couleur de Roussillon en prolonge l’histoire et les savoir-faire.

Ainsi également de la « molasse » (calcaire gréseux du Miocène) dite aussi « pierre du midi » qui a été exploitée dès l’époque romaine (forum d’Avignon, monuments antiques d’Orange, de Vaison ou de Cavaillon, pont romain de Vaison ou pont Julien à Bonnieux, etc.) et qui fonde l’implantation de tous les villages perchés du département (les “Castra” médiévaux), dans une étonnante superposition entre leurs sites d’implantation et la carte géologique.

L’abbaye de Sénanque, joyau de l’architecture cistercienne implanté dans le vallon de la Sénancole, exprime de la plus belle manière la capacité de cette matière à faire vibrer la lumière.C’est dans cette pierre tendre, facile à creuser, qu’ont été sculptés en creux les habitats troglodytiques du Luberon (Cabrières-d’Aigues, Cadenet) ou des monts de Vaucluse (La Beaume, La-Roque-sur-Perne, Le Beaucet) et les très secrets moulins des gorges de la Sénancole ou de Véroncle. L’exploitation de ce matériau précieux pour le bâtisseur (calcaire tendre et non gélif, facile à extraire et à façonner) se poursuit de nos jours dans les carrières réputées du Luberon Nord (Oppède, Maubec, ou la Roche d’Espeil à Buoux) et des monts de Vaucluse (Saint-Pantaléon, Saint-Gens) qui profitent d’un regain d’intérêt pour ce matériau.

Mais la pierre qui identifie le mieux certains paysages vauclusiens devenus emblématiques, c’est le modeste matériau d’épierrage, délité en plaquettes, lauzes et moellons, accumulés en clapas, (empilement d’épierrage en bordure de champs), en bancaou (terrasses), en cabanes (dites « bories ») ou en aiguiers couverts bâtis en pierre sèche. Ce sont plusieurs milliers de constructions, et des milliers de kilomètres de murs de soutènement qui façonnent les grands paysages lithiques du plateau des Claparèdes (Luberon) et des monts de Vaucluse, en faisant un des ensembles les plus riches et les plus denses du pays. Le village dit « des bories » à Gordes en est une représentation atypique et spectaculaire.

Le mur de la peste - Lagnes - Vaucluse