Enjeux paysagers de la vallée du Toulourenc
Gérer durablement les grandes structures du paysage
La gestion forestière sur les pentes du Ventoux a un fort impact sur le paysage de la vallée. Les travaux forestiers, notamment les coupes et la création de pistes nécessaires à l’exploitation du bois, et les aménagements pour la défense des forêts contre l’incendie (DFCI) représentent un enjeu d’intégration paysagère plus particulièrement sur des terrains sensibles à l’érosion. Sur le long terme, le maintien des milieux ouverts notamment au Mont Serein (pastoralisme), la préservation et le développement (au dépens des pins, issus des reboisements) de la Hêtraie, pure ou en mélange avec le Sapin constituent un enjeu écologique et paysager dans l'étage montagnard. La quasi-totalité du versant nord et une plus petite portion au sud de cette unité bénéficient du régime forestier (forêts domaniales et communales). La réserve de biosphère créée dans le cadre du programme « MAB » de l’UNESCO, concerne l’ensemble de ce territoire (voir carte p 47). La gestion de cette réserve vise une protection très stricte du Mont-Serein et de ses pelouses pacagées ainsi que de la hêtraie de Brantes et de la partie sommitale du Ventoux (classée en « zone centrale » avec priorité à la protection biologique), avec une préservation plus globale du territoire environnant (« zone tampon » et « zone de transition » visant un développement durable). Le réchauffement climatique interroge les forestiers sur l’avenir des essences présentes ou à favoriser : des espèces montagnardes, comme le sapin pectiné, périclitent.
Le maintien de l’agriculture et l’ouverture du fond de la vallée est un enjeu fort : on note des friches agricoles et des plantations d’arbres (chênes truffiers etc.). La gestion de cet espace s'avère particulièrement sensible du fait de la configuration étroite et encaissée de la vallée. Le risque d’une fermeture et d’une perte de diversité paysagère existe. Des nouvelles vocations ou orientations sont possibles : un élevage de truite s’était installé il y a de nombreuses années, du maraîchage se développe. La qualité du paysage de la vallée avait conduit le ministère de l’Environnement à labelliser ce paysage comme « paysage de reconquête » en 1992.
Dans ce paysage peu habité, « sauvage », tout aménagement peut avoir un fort impact et doit faire l’objet d’une attention particulière. Ainsi certains aménagements de berges du Toulourenc, en enrochements, contrastent avec le caractère de ce « torrent ». Les techniques de génie écologique plus respectueuses de l'environnement sont à privilégier dans ce secteur.
Valoriser les paysages fortement perçus
La D40 permet une découverte panoramique de la vallée. Elle offre des vues magnifiques sur le Ventoux. Son profil avec la bordure de chênes verts taillés renforce la qualité de cet itinéraire (voir Structures paysagères caractéristiques). Des travaux de reprofilage de la route peuvent être préjudiciables au caractère paysager de celle-ci : création de talus raides qui se végétalisent difficilement.
Deux passages vers l’unité paysagère des collines de Vaison sont des lieux de basculement à ménager : un dans le département de la Drôme qui marque vraiment la sortie de la vallée, un plus discret sur la route D242 en direction de Malaucène.
Prendre en compte les enjeux paysager liés à l'urbanisation et aux grands projets
Les villages ont jusqu’à présent pu maintenir l’intégrité de leur site et les perceptions qu’on a de leur silhouette, que ce soit Brantes, Saint-Léger du Ventoux, Savoillans ou le hameau de Veaux. Il s’agit de maintenir cette qualité dans la durée.
Les constructions récentes sont rares. C’est aux abords de Brantes que certaines se remarquent et qu’il faut surveiller leur dispersion. De nombreuses habitations ont été réhabilitées et la présence de résidences secondaires est importante.
La station touristique du Mont-Serein, en contrebas du sommet du Ventoux, a conservé une taille modeste. Une requalification de la voie d’accès, des zones de parking et du caravaneige pourrait être envisagée. La vallée du Toulourenc a vu sa fréquentation exploser, une nouvelle gestion des stationnements et des déplacements dans ce cadre contraint est à organiser, en lien avec l'objectif de préservation des écosystèmes concernés.
Préserver les sites de richesse paysagère ou écologique
Le « vallon du Mont-Serein » fait partie, avec le sommet du Ventoux, du site inscrit du Ventoux (institué en 1942).
En 2010, plus de 900 ha de forêt domaniale, sur la partie la plus haute de ce versant nord ont été classés en Réserve Biologique Intégrale. Cette surface est exemptée de toute coupe d'exploitation et laissée en évolution naturelle, dans le double objectif de préservation de la biodiversité et de suivi scientifique.
Les grands projets, enjeux paysagers à court terme
La vallée est concernée par le projet de Parc Naturel Régional du Ventoux, le Syndicat Mixte d’Aménagement et d’Equipement du Mont-Ventoux intervient sur un territoire de 34 communes et près de 90 000 habitants.
Une ancienne carrière, très réduite, à Saint-Léger se signale en bord de route (RD 40). Elle ne devrait pas s’étendre et commence à se revégétaliser.