Le plateau de Sault

La rigueur du climat, l’absence d’eau liée aux phénomènes karstiques, ont contribué à la faible occupation de ce territoire. Lavandes, céréales, moutons, amandiers et tilleuls apportent là des senteurs de Haute-Provence.

Un vaste plateau karstique

Cette unité paysagère se caractérise par sa forte cohérence spatiale. Dominé par le Mont-Ventoux et la montagne d'Albion (1414 m) au Nord, limité par les Monts de Vaucluse (1256 m) au Sud et à l'Ouest, le plateau de Sault correspond à une vaste étendue de calcaires urgoniens à 900 m d'altitude moyenne. Sa nature karstique explique l'absence d'écoulement d'eau en surface et une relative sécheresse. L’érosion a créé des dolines, des avens, des lapiaz, et de nombreuses formations souterraines. Il constitue le principal collecteur des eaux de la Fontaine de Vaucluse. Le sol pauvre, lessivé par de fortes précipitations, laisse souvent apparaître le soubassement rocheux. Un sol acide favorable à une végétation acidiphile (châtaigniers etc.), s'est développé dans des poches de décalcification du calcaire.

La Nesque, seul cours d'eau

Seul cours d’eau apparent, la Nesque prend sa source au pied du village d’Aurel et s'écoule en limite du plateau (grâce à un fond étanche oligocène) dans une dépression fertilisée par les alluvions.

Un paysage isolé, très ouvert

Le plateau apparaît comme un espace isolé : à l'écart des principaux axes de communication et des principales zones habitées. Les routes d'accès sont étroites et sinueuses, hormis les portions autrefois aménagées pour accéder aux zones militaires : elles doivent franchir les contreforts du Mont-Ventoux ou des Monts de Vaucluse ou longer les gorges de la Nesque. Sur le plateau lui-même, la présence des cultures crée un paysage très ouvert.

Des traces de l'histoire contemporaine

Ce territoire a été marqué par l’implantation du site de lancement des missiles nucléaires sol-sol balistiques de la force de dissuasion nucléaire française pendant la guerre froide : des installations militaires ont laissé leurs traces, le réseau routier a été remanié, et le village de Saint-Christol marqué par l’implantation d’une base militaire et l’arrivée de nombreuses familles. Les premiers travaux avaient débuté en 1966 et 18 silos ont été construits. Le site a été démantelé en 1996. À Saint-Christol, la Légion étrangère s’est installée sur l’ancienne base.

Une faible présence humaine

L'habitat est regroupé en plusieurs villages. Sault constitue le bourg principal, c'est un village perché tout comme Monieux ou Aurel, implantés sur des petits accidents du relief. Les autres villages, côté Vaucluse ou Drôme, sont véritablement des villages de plateau.

Le territoire de la lavande et de l'épeautre

La culture de la lavande s'est développée depuis le début du siècle, elle est confortée aujourd'hui par l'instauration d'une A.O.C. “lavande fine” et d'une AOC pour l'“huile essentielle de lavande de Haute-Provence”. La production de l'ordre de 200 tonnes au début des années 1980 a chuté à 25 tonnes dans les années 1990 pour remonter à 80 tonnes en 2003. Des efforts pour dynamiser l'agriculture ont aussi été entrepris avec la relance de la culture de l'épeautre. Cette culture, très populaire sur le plateau d'Albion et les pentes du Ventoux jusqu'au XIXe siècle, a été reprise dans les années 1980.

« Le pays ? voilà. Une étendue de terre sans bornes, ondulée, couleur de perle, portant des arbres.  »
J. Giono, Belle terre inconnue

Extrait de l’étude sociologique réalisée à l’automne 2012

Les habitants évoquent bien évidemment les champs de lavande dans les paysages qu’ils décrivent : « les lavandes violettes qui recouvrent les buttes et les vallons ». Ils y intègrent cependant les champs d’épeautre et le romarin ainsi que « des sols rocailleux et secs et un relief bas ».
Pour un élu, ces paysages sont avant tout agricoles. Un autre évoque le Val de Nesque « composé de plaines agricoles ». Ces paysages sont considérés comme « spacieux » et « aérés ».
Les forêts, notamment de chênes verts, sont évoquées et font dire à un habitant de Sault « qu’il y a un équilibre entre la nature et l’agriculture ». Les gorges de la Nesque sont vécues comme un prolongement des paysages de Sault. Et enfin, la lumière et les couleurs sont considérées par les habitants de cette unité, comme des éléments constitutifs de ces paysages ».
Pour un écologue, le pays de Sault est un lieu emblématique dans le sens où « au milieu des lavandes, on trouve différentes cultures telles que les pois chiches, les lentilles et des plantes médicinales et aromatiques ».

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