Le Plan de Dieu

Cette vaste plaine alluviale a été quasi totalement colonisée par la vigne. Seuls les bâtiments des domaines viticoles et quelques arbres viennent rompre cette immensité. L’espace, largement ouvert, offre de nombreuses vues lointaines sur les reliefs alentours, les Dentelles, le Ventoux.

Des cailloux d'origine alluviale

Ce territoire correspond à la vaste terrasse alluviale formée par l’Aigues et l’Ouvèze à l’époque du Riss, il y a 200 ou 300 000 ans. Elle est surmontée de galets roulés calcaires du Quaternaire. Au lieu-dit précisément Plan de Dieu, la plaine apparaît véritablement comme un vaste épandage de cailloux. En plusieurs lieux, l'architecture locale est marquée par la nature du sous-sol, notamment dans la vallée de l'Aigues proprement dite : les galets sont utilisés aussi bien pour des bâtiments, que pour des murs de clôture ou pour le pavage des calades.

Des cours d'eau structurants

L’Aigues et l’Ouvèze structurent cette vaste plaine, leurs cours sont globalement parallèles, de direction nord-est, sud-ouest. Leurs tracés ont beaucoup évolué au cours de l’histoire géologique et continuent encore de se déplacer. Le canal de Carpentras irrigue également ce territoire, perpendiculairement aux cours d’eau ; il rejoint l’Aigues près de Camaret.

Des limites visuelles lointaines

La plaine est bordée par une série de reliefs : massif d’Uchaux, plateau de Cairanne-Rasteau, dentelles de Montmirail et terrasse de Châteauneuf-du-Pape. Les perceptions lointaines sur les reliefs et les villages perchés au pourtour de la plaine, tels Cairanne, Sablet ou Gigondas font de la plaine un lieu de perception visuelle panoramique. Ces villages constituent des repères visuels majeurs et des sites d’observation du paysage.

Une ancienne zone de Garrigue

Le nom de Plan de Dieu (Plan Dei) est utilisé pour la première fois en 1326 dans la rédaction d'un acte réglant entre les habitants de Camaret et de Travaillan les limites de leurs vignes et pâturages. Pour certains le lieu-dit aurait reçut son nom des religieuses de Prébayon quand elles quittèrent le massif des Dentelles de Montmirail pour s'installer ici : c'était pour elles le meilleur terroir à vignes, la “plaine de Dieu”. Une autre source, plus concordante avec la réalité de l’époque, justifie ce nom car au Moyen-Âge, la traversée de cette vaste forêt de garrigue, à la merci des malandrins, méritait que l’on remette son âme à Dieu.

« Éléments primordiaux : le matin, la fraîcheur d’une journée qui sera chaude, l’absolu beau temps, pas un nuage, l’est, les montagnes, les feuillages brillant comme de l’eau, le translucide, les montagnes comme une limite bleue, légère, ne pouvant plus être dites montagnes, mais douceur bleue mais berceau, car leurs détails sont indistincts, c’est une toile bleue, même pas, une limite bleue, une idée de limite…  »
P. Jaccottet, Dans la lumière de Vaucluse

 

Extrait de l’étude sociologique réalisée à l’automne 2012

Les habitants de cette unité ayant répondu au questionnaire sont unanimes : leur regard se porte en premier lieu vers l’horizon, vers l’extérieur : le Ventoux et les Dentelles de Montmirail ; quelques habitants de Sérignan se tournent plutôt vers le massif d’Uchaux.
Ensuite, plus proche d’eux, autour d’eux, c’est un territoire plat qui est décrit : « c’est très plat, avec d’immenses vignobles qui ouvrent sur les Dentelles et la Drôme ». Plusieurs habitants parlent d’un paysage « ouvert ». À Jonquière, l’un d’entre eux fait état de « la disparition des haies pour de grands espaces de culture ». « Les paysages changent avec les saisons » avec les vignes, le blé, le colza, le tournesol, les oliviers et les cerisiers : « Quand la vigne bourgeonne pour moi c’est le début de l’année ». Les cultures perçues sont décrites comme de plus en plus rares ou même disparues : fraises, abricots, asperges et poireaux. Une image forte avec la culture du blé : « un tapis vert avec deux chênes au milieu ».
Les villes, les villages et les habitations ne sont pas évoqués ; à l’exception des habitants d’Orange qui parlent en premier lieu de la colline Saint-Eutrope, du théâtre antique et des vestiges romains.
L’harmas de Jean-Henri Fabre est également souvent perçu comme élément paysager avec le sentier botanique et la statue de JH Fabre.

  • Cairanne
  • Camaret-sur-Aigues
  • Gigondas
  • Jonquières
  • Orange
  • Rasteau
  • Roaix
  • Sablet
  • Sainte-Cécile-les-Vignes
  • Saint-Roman-de-Malegarde
  • Sarrians
  • Séguret
  • Sérignan-du-Comtat
  • Travaillan
  • Vacqueyras
  • Violès