Le couloir rhodanien

Le fleuve, aujourd’hui canalisé, est bordé de collines calcaires qui forment plusieurs seuils. Dans cet espace intensivement mis en valeur, seules quelques îles ont encore un caractère naturel. Ce couloir a attiré les grandes infrastructures et les centres urbains.

Un lien paysager

La vallée du Rhône est structurée par une alternance de bassins et de seuils. Les bassins correspondent aux sites de confluence avec les principaux affluents : Lez et Ardèche à hauteur de Bollène, Aigues et Cèze pour Orange, Ouvèze et Durance pour Avignon. Plusieurs seuils naturels compartimentent la vallée : à Mornas, Châteauneuf et Avignon ; lieux d’implantation de places fortes devenues des petites ou grandes cités. Des reliefs marquent les limites de la vallée : massif d'Uchaux, colline de Châteauneuf du-Pape, ligne de collines du Comtat, “montagne” de Pujaut-Villeneuve et rocher des Doms.

Des fluctuations géologiques

Les modifications glaciaires et du niveau marin ont engendré des lits du Rhône successifs, avec la formation de terrasses : la présence de galets en témoigne, à Châteauneuf-du-Pape par exemple. Lors de la crise Messinienne (fermeture et assèchement de la Méditerranée à la fin du Miocène), le lit du Rhône est profondément creusé, formant des défilés et seuils comme celui de Mornas. La plaine alluviale est recouverte par les récents dépôts fertiles du Rhône et de ses affluents.

Un axe économique et touristique

D’importantes villes du département se succèdent dans la vallée, accueillant une population importante et de nombreuses zones d’activités ; elles abritent aussi un riche patrimoine bâti. La vallée concentre de grosses installations industrielles et notamment des centrales nucléaires. Cet axe de pénétration et de découverte touristique offre des vues majeures sur les principaux reliefs et sommets : Dentelles, Ventoux.

Une frontière historique

De Lapalud à Avignon, le Rhône constitue la limite administrative du département. Jusqu'au XVIIIe, le Rhône est resté un fleuve instable et menaçant : la basse plaine était continuellement balayée par les crues et le cours était divaguant. Jusqu’au XIXe le Rhône est resté difficile à franchir. Historiquement seules deux villes-ponts se sont développées dans cette partie du cours : Avignon (pont depuis 1177) et Pont-Saint- Esprit (pont depuis 1265). Les deux berges ont été longtemps isolées : le fleuve était une véritable frontière.

Un paysage moderne

Le fleuve a considérablement changé de visage depuis les aménagements réalisés dans les années 50 pour l'hydroélectricité, l'irrigation et la navigation. En amont, le canal de Donzère-Mondragon est venu doubler le cours du fleuve sur 28 km. Plusieurs barrages-écluses enjambent le fleuve : à Bollène, Caderousse, Sauveterre, Villeneuve. Ils font partie du patrimoine bâti moderne et constituent des sites fréquentés d’où l’on a des vues intéressantes sur le fleuve. Le cours a été régularisé, le fleuve endigué, mais plusieurs îles et lônes sont encore présentes ainsi qu'un étang à Mondragon (île vieille).

Des formes du bâti liées aux risques d'inondation

Les fermes implantées en zone inondable comportent un plan incliné destiné à mener les bêtes à l’étage en cas de crue ; à l'intérieur, le “récati” constitue l'endroit protégé, toujours à l'abri de l'eau. Des ouvrages plus importants marquent le paysage ; ainsi à Caderousse, la digue qui ceinture le village constitue un patrimoine bâti d’intérêt.

« Je te cherche – vieux Rhône – entre ces rives de ciment, toi l’ennemi du rectiligne, toi l’errant, le ravageur de digues, le charrieur de graviers, l’arracheur de rochers, le désoucheur de rivages, le mineur de terrains, le fouisseur de lônes. »
Je te cherche vieux Rhône, B. Clavel

Extrait de l’étude sociologique réalisée à l’automne 2012

Unanimement, les avignonnais font référence au Rhône pour décrire la cité.
Un responsable touristique du département, évoque l’aspect du positionnement des avignonnais qui ont longtemps tourné le dos au Rhône, alors considéré comme une nuisance. Il semble que ce fleuve soit très présent dans la représentation que les habitants ont de leur espace de vie et cette représentation est, ici, généralement positive. Le Rhône est donc l’élément paysager le plus nommé : cela va des bords du Rhône à la vue que l’on en a du haut du rocher des Doms. On retrouve d’ailleurs souvent la trilogie : « Rhône – Palais des papes et rocher des Doms ». La Barthelasse, les ponts et le jardin des Doms surplombant la ville et offrant de belles vues panoramiques sur le Rhône, sont des éléments mis en avant et montrent l’intérêt des avignonnais pour ce fleuve.
Pour un écologue, le Rhône aménagé dans sa partie nord du Vaucluse est composé de lieux très différents qui sont structurés avec « les bras artificiels du Rhône ». Les perceptions paysagères relevées donnent paradoxalement une image « végétale » de la ville ; l’aspect minéral est perçu seulement dans le cadre de son histoire architecturale privilégiant une vision « médiévale » de la pierre. Plusieurs fois appréciée, l’entrée sur Avignon, longeant le Rhône.
Une habitante parle de la question de l’urbanisation et nomme cet espace « le couloir Rhodanien » en le décrivant par sa grande voie de circulation, comme un espace très peuplé.
Une ingénieure agronome met en évidence une urbanisation désordonnée entre Avignon et Bollène en parlant de « soupe urbaine ».
Enfin, le mistral est un élément du couloir Rhodanien évoqué surtout par des acteurs du paysage : « il y a cette image emblématique de la vallée du Rhône avec les platanes secoués par le mistral » ; et le mistral « qui balaye le territoire et donne une luminosité exceptionnelle».

 

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