Les dentelles de Montmirail

La puissance du plissement qui a présidé à la formation de ce relief transparaît dans la verticalité, l’aspect tourmenté des dalles calcaires où la roche est à nu. Ce massif, pourtant modeste, a une forte présence, il est perçu et reconnaissable de loin, c’est un repère singulier du département. La vigne et la forêt y sont en concurrence pour l’occupation des pentes.

Un massif au caractère montagnard

Le massif marque une limite en prolongement de la chaîne du Ventoux, entre la vallée du Rhône et la partie plus montagneuse qui annonce les Préalpes. Bien que d'altitude modeste (732 m au mont Saint- Amand), il a un caractère montagnard marqué. Il présente une topographie très tourmentée. Son versant ouest (anticlinal de Séguret) constitue une barrière surplombant la plaine de l'Ouvèze et de l'Aigues. Au Sud, trois lignes de crêtes dénudées, sculptées par l'érosion, se détachent sur l'horizon et se donnent à voir de très loin.

Une rareté géologique

La formation géologique des Dentelles est exceptionnelle : un pli diapire rare au monde. Les couches du Trias ont été fortement serrées, formant une “extrusion”. Ces formations du début du Secondaire sont les plus anciennes du département ; elles comprennent différents faciès, tel des lentilles de gypse exploitées à Beaumes-de-Venise. La morphologie des Dentelles de Gigondas correspond aux calcaires massifs du jurassique. Le soulèvement des Dentelles se poursuit de nos jours et le lit de l’Ouvèze tend à se rapprocher et à creuser au pied du massif.

Un paysage emblématique du département

Protégé dans sa globalité (site inscrit depuis 1967, le plus étendu du département), le paysage des Dentelles est, avec celui du Ventoux, emblématique du Haut-Comtat. Les Dentelles offrent de beaux points de vue et sont en retour perçues depuis de très nombreux lieux du département. Certains chemins de randonnée, tel l’itinéraire entre le col du Cayron et la ferme de Cassan, offrent des vues exceptionnelles sur les Dentelles et le Ventoux.

Un ilôt peu habité

Le massif apparaît comme un îlot peu habité au milieu de territoires plus densément peuplés. Le massif est difficilement accessible et cette difficulté a limité son occupation. De nombreux villages et villes se sont développés sur son pourtour alors que seuls trois petits villages sont implantés en son cœur.

« Mais il lui restait la terre et les roches qu’il avait retirées des montagnes pour creuser le val de l’Ouvèze. Il résolut de ne pas en faire une nouvelle haute montagne, car le Ventoux était déjà trop parfait ; aussi modela-t-il la terre en un petit massif fantasque, plein d’un enchevêtrement de montagnettes enfiévrées, et au lieu de les vêtir d’ouches et de patis, il les vêtit d’une grande robe de vignes, comme pour que l’ivresse du vin soit le pendant de la fraîcheur liliale des eaux de l’Ouvèze. Et comme demeuraient encore inutilisées quelques grandes plaques de roche, Dieu s’amusa à les planter à la verticale dans la terre du massif. »P. Ollivier-Elliott, Au soleil du Ventoux

 

Extrait de l’étude sociologique réalisée à l’automne 2012

Pour un habitant de Lafare « ce paysage est atypique parce qu’hétérogène avec ces Dentelles, la silhouette du village et les rivières, les bois et les cultures en terrasse ». C’est un paysage décrit comme « harmonieux et majestueux ». Cet intériorité est ressentie dans ces propos : « les dentelles : on peut s’y sentir enfermé et en même temps complètement libre ».
Un peu plus à l’extérieur, comme à Beaume de Venise, le contraste perçu entre la rondeur de Rocalinaud et la crête rocheuse des Dentelles met en évidence le « côté saillant, épineux » des Dentelles. Elles sont décrites comme « plus sauvages », « plus agressives », et « cela réveille l’imaginaire » car « elles semblent inaccessibles ».
De Gigondas, les Dentelles apparaissent avec un ensemble de communes. Elles composent un paysage qui s’ouvre vers l’extérieur, « un paysage grandiose » composé « de forêts, et de cultures principalement dominées par la vigne ».
Pour un acteur du paysage travaillant dans le tourisme, les dentelles sont perçues comme une « barrière rocheuse qui est très présente » au même titre que « les vignes qui s’inscrivent aussi fortement dans ce paysage ».
Pour une urbaniste, « les Dentelles de Montmirail sont significatives par le contraste entre ces falaises calcaires et tout l’espace agricole qui est à leurs pieds. Cela fait partie de la richesse du département. Pour moi, cette richesse est souvent basée sur le contraste ».

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