Les champs de lavande et chênes truffiers
Jusqu’au début du XXe siècle, sur le plateau de Sault, les monts d’Albion ou les monts de Vaucluse, la lavande sauvage faisait l’objet d’une activité de cueillette. Les premières cultures de plein champ ont été lancées en 1890 entre Sault et Monieux. La mise au point du procédé industriel d’extraction du parfum mis au point après la première guerre mondiale a provoqué l’expansion considérable de cette culture, confortée à partir des années 1975 par “l’invention“ du lavandin (hybride dit “Grosso” entre la lavande vraie et la lavande aspic). Cette extension s’est produite au détriment de la production de céréales qui dominait jusqu’alors dans ces paysages. La relance, à partir de 1985, de l’antique production du petit épeautre (appelé aussi “le blé des gaulois”), une culture adaptée aux altitudes des plateaux (entre 400 et 900 mètres) et très appréciée aujourd’hui (sa rusticité l’autorise à se dispenser de désherbant et de pesticides), permet aux céréales d’être encore présentes dans la rotation des cultures des plateaux, ce qui nous offre aujourd’hui cette marqueterie colorée qui fait le bonheur des photographes et des touristes.
De la même manière, jusqu’au début du XXe siècle, on cherchait les truffes dans la garrigue au pieds des chênes verts ou des chênes blancs (Quercus ilex et Quercus pubescens) dont les racines étaient naturellement mycorhizées par le mycélium du champignon Tuber melanosporum. Puis, on a entrepris de planter des chênes “truffiers” sur les terres les moins productives comme celles libérées par les anciennes vignes abandonnées suite au phylloxéra, les terrains en pente ou les sols alluvionnaires pauvres en bordure du Lez ou de l’Eygues. Plus récemment, ces plantations se sont étendues avec parfois des modes de cultures modernes recourant à l’irrigation. Les vergers de truffiers se développent, offrant un nouveau visage aux paysages du nord du département et particulièrement dans l’enclave des Papes autour de Valréas.