La vallée de la Durance

Un cour d'eau majeur, des affluents nombreux

La Durance parcourt près de 300 km depuis le col de Montgenèvre (05) jusqu'à son confluent avec le Rhône, au sud d’Avignon. Elle constitue la limite sud du département sur 90 km. Dans cette partie, son cours est marqué par deux seuils naturels, à Mirabeau et Orgon, qui constituent les limites de sous-unités dans le paysage. Le lit majeur de la Durance est vaste, la rivière a un réseau en tresses formant des iscles. Toutefois, depuis la construction du barrage de Serre-Ponçon, le débit de la Durance a considérablement diminué. À l’occasion de crues exceptionnelles la rivière reprend sa place dans le lit majeur et remodèle le milieu. Le risque d’inondations a longtemps rendu cette rivière peu appréciée, selon le dicton “Parlement, Mistral et Durance, sont les trois fléaux de la Provence”. Ses principaux affluents sont, côté Vaucluse : l'Èze, le Marderic et l'Aiguebrun dans la partie centrale, puis le Coulon en aval de Cavaillon. La Durance alimente de très nombreux canaux qui irriguent les plaines avoisinantes, ou éloignées, comme le canal de Carpentras.

Une vallée irriguée

La vallée est très resserrée entre Mirabeau et Peyrolles, puis bordée par les collines du pays d'Aigues et la chaîne des Côtes côté Bouches-du- Rhône, avant de prendre toute son ampleur en aval d'Orgon et de Cavaillon. Le paysage de la vallée s’étend jusqu’aux premiers reliefs avec une limite forte dès les premières terrasses, correspondant au territoire non irrigué de façon gravitaire.

Un axe commercial fréquenté

Des transports fluviaux ont emprunté la Durance dès l'époque romaine : Cavaillon (Cabellio) était un port et des haleurs tiraient des barques le long de la rivière. Mais c'est au moyen-âge que se sont mis en place les principaux itinéraires routiers, notamment entre Cavaillon et Manosque et les premiers castra (villages perchés). Des ports fluviaux sont aussi mentionnés à Cadenet et Pertuis, ville qui a dès lors bénéficié d’une activité commerciale importante. Avignon et Cavaillon connaissent un développement beaucoup plus précoce. Situées respectivement sur la via Agrippa et la via Domitia, elles étaient des carrefours de voies terrestres et fluviales dès l'époque romaine.

Une histoire géologique mouvementée

L'histoire du cours de la Durance est très liée à la surrection des Alpes et à la genèse du massif du Luberon. Lors de la “crise messinienne” (fermeture et assèchement partiel de la Méditerranée à la fin du Miocène), la Durance s’est encaissée de plusieurs centaines de mètres et a creusé la cluse de Mirabeau. Jusqu’au quaternaire, la Durance traversait les Alpilles : son delta a constitué le vaste cône de déjection de la Crau. Le seuil de Lamanon s’est peu à peu comblé par les matériaux apportés par le fleuve, alors que le seuil d’Orgon s’est abaissé et a fait du fleuve Durance un affluent du Rhône. Les dépôts alluviaux glaciaires et interglaciaires (les glaciers ont atteint Sisteron au Würm) s'étagent sous forme de terrasses comme à Lauris.

« Après Sisteron, il entra dans un pays tellement différent qu’il lui paraissait étranger. Il n’y avait plus de forêts mais des olivettes gentiment entretenues (…). Plus la vallée s’élargissait autour de lui, plus il voyait la marque d’un art de vivre sans rapport avec le sien (…). Plus il approchait de Cavaillon, plus il avait des raisons de craindre. Il constata également que la Durance ne comptait plus beaucoup. Elle était là-bas, au fond des terres, comme une petite eau sans importance. »

Giono, L’eau vive

Extrait de l’étude sociologique réalisée à l’automne 2012

Un habitant de Caumont est le seul à décrire les bords de la Durance, les collines, les forêts et les pins. Ce sont les professionnels qui parlent de cet espace. Pour un écologue : «  à Mérindol, on est sur les terrasses duranciennes, avec la Durance qui est juste en bas et le Luberon qui est juste derrière. C’est un endroit, d’où on peut voir la garrigue, une rivière, des milieux très secs, des milieux agricoles, une petite forêt c’est-à-dire plusieurs milieux.  ».

Cette vallée est évoquée également par un responsable technique : «  On voit la vallée de la Durance du Luberon ; mais derrière, on voit des collines du nord des Bouches du Rhône et ce n’est plus le Vaucluse, mais c’est assez emblématique  ».

Une ingénieure et habitante de ces lieux, décrit «  cette urbanisation étirée le long des axes routiers, jusqu’à Cavaillon et qui redémarre aux abords de Pertuis  », «  c’est ce qu’on voit depuis les routes. En sortant de ces routes principales, on se rend compte que dans ce « magma  » il y a énormément d’espaces agricoles, qui se casent entre l’urbanisation, dans toutes ces zones périurbaines, dans le Grand Avignon ».

Le point de vue d’une paysagiste : «  même à vélo, on ne voit vraiment pas souvent la Durance, à part le passage par des ponts, ou quand on a des points de vues ; du pont de Cadenet, on voit bien la Durance avec des à-pic.. Il y a des petites ballades qui touchent la Durance et l’hiver c’est une ambiance différente, beaucoup plus verte, beaucoup plus humide, il y a toute une faune associée avec des guêpiers. Et du coup on a un autre recul sur les villages perchés de Lauris et du Luberon  ».
Pour les habitants de Lauris, ce sont les vignes qui retiennent l’attention. Les habitants de Pertuis interrogés, se tournent plutôt vers le Luberon : «  ses grands espaces sauvages  ». Deux habitants évoquent le sud d’Avignon, mais sans jamais parler de la Durance. Ils évoquent le quartier Saint Ruf avec ses résidences peu élevées et Frigolet perçu comme un prolongement d’Avignon, plutôt forestier.

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