La création des paysages du Rhône et de la Durance
Jusqu’au XIXe siècle, le Rhône et la Durance restent des fleuves instables (dans leur lit) et menaçants.
« Le Rhône, torrent furieux descendu des Alpes », MICHELET « La Durance inconstante, sans lit, sans borne et sans retenue », PLINE.
La plaine est régulièrement inondée par les crues, et les chenaux changent fréquemment de tracé. Les deux vallées apparaissent de ce fait comme de véritables frontières naturelles et non comme des voies de passage. La rareté des ponts sur le Rhône en témoigne encore.
Des protections ponctuelles étaient réalisées (aménagements de digues, réalisation d’épis) mais les crues restaient des menaces permanentes.
Les grands aménagements n’interviendront qu’au milieu du XXe siècle :
- sur la Durance, la construction du barrage de Serre-Ponçon dans les années 1950 va en régulariser le débit et le réduire de façon importante du fait des prises d’eau du canal d’EDF.
- sur le Rhône, un grand programme national d’aménagements hydrauliques (prévention des crues, navigation, irrigation et production d’énergie) sera mené à partir des années 1950 par la Compagnie Nationale du Rhône créée à cet effet dès les années 1930.
Aujourd’hui, le Rhône offre un paysage moderne totalement architecturé dont certains ouvrages sont désormais protégés au titre des sites ou des monuments historiques.
Pourtant, bien que raréfiées, les crues n’ont pas disparu et la croyance en une maîtrise totale de la nature par la technique n’est plus de ce temps. Dans cet esprit, d’autres démarches sont engagées, à l’échelle cette fois du bassin versant (Plan Rhône), qui orientent les actions vers plus de négociations avec les territoires, et conduisent à laisser certains paysages à l’expansion des eaux pour au contraire ne protéger que les secteurs urbanisés.